Revue de Presse Cahiers Leiris 1

Effacer l’autobiographie

Alias (supplément de Il Manifesto)
23 février 2008
Marco Dotti, essayiste et critique

On relate souvent les longues et interminables phrases de Leiris à même de nous essouffler, sa volonté maniaque et toujours assumée de noircir d’encre des pans entiers de pages. D’ailleurs, surtout au cours d’un travail autobiographique qui a duré des décennies, Leiris n’a pas du tout fait mystère de sa passion de « ce qui est compact » et de ce qui est lié, ne serait-ce que faiblement, à une « unité minimale de vie ». Au plan du style donc, le développement de son écriture est la conséquence d’une ambition – ou d’un échec – issue à un tout autre niveau. En revanche, ce qui attire Leiris vers la pratique autobiographique n’est pas la volonté de mettre de l’ordre ou de tracer un « fil rouge » quel qu’il soit de l’existence. Ce qui l’attire ce sont les blocs sédimentés, les enchevêtrements inextricables, les lignes embrouillées et tarabiscotées. Autant dans l’Âge d’homme, publié en 1939, que dans le cycle de l’autobiographie appelé la Règle du jeu, que la publication de Biffures inaugura neuf ans après, Leiris n’aura de cesse de travailler et de réfléchir autour de ce même problème : comment rendre possible et jusqu’à quel point serait-il permis de s’aventurer dans la tentative de découvrir, justement, la « règle du jeu » ?

Lire la suite

Cahiers Leiris no 1

Bulletin des Bibliothèques de France
tome 53, no 3, juin 2008
Philippe Raccah, critique

Venant après de nombreuses et importantes études, la parution, fin 2007, du premier numéro d’une revue entièrement consacrée à Michel Leiris témoigne de l’intérêt toujours vif pour son œuvre littéraire et ethnographique et des résonances contemporaines de son entreprise poétique et autobiographique. Le volume réunit des études, des témoignages, des textes littéraires et des reproductions d’œuvres artistiques qui analysent, évoquent ou prolongent des aspects très différents de l’œuvre et aussi de la personnalité de Michel Leiris : la recherche exigeante, douloureuse mais littérairement féconde d’une règle de vie, la réconciliation désespérément poursuivie entre poésie et politique, la tauromachie comme modèle de vie et d’écriture, l’enfance de Leiris et sa mythologie personnelle, la forte unité entre l’œuvre littéraire et l’œuvre ethnographiques, etc.

L’analyse des éléments paratextuels de ses écrits autobiographiques ou la reconstruction chronologique de la rédaction de l’Âge d’homme mettent en évidence le rapport complexe entre vérité et vie chez Michel Leiris et l’évolution de la relation qu’il établit avec ses lecteurs.

De même, une étude linguistique technique très fine de deux chapitres de Biffures montre les enjeux poétiques et éthiques des jeux de Leiris avec le langage.

Le caractère personnel, intime, de la relation que tout lecteur de Michel Leiris entretient avec son œuvre est souligné par les quelques lignes où chaque contributeur, écrivain ou artiste évoque ou commente sa rencontre avec lui. Quelques souvenirs de proches de l’écrivain et trois lettres inédites accentuent le côté émouvant de ces divers éclairages.

Une liste de symbole et des abréviations utilisés, une abondante bibliographie, des index des ouvrages et des personnes ou personnages cités complètent le volume.

Cette nouvelle revue, dont le deuxième numéro est prévu pour la fin 2008 – un appel à contribution est d’ailleurs lancé sur internet par Jean-Sébastien Gallaire, l’éditeur –  s’adresse d’abord aux lecteurs de Michel Leiris mais, malgré l’hétérogénéité des contributions, elle saura intéresser ceux qui n’ont pas une grande familiarité de son œuvre.

Cahiers Leiris

le Magazine Littéraire
no 472, février 2008
Serge Safran, écrivain, critique, éditeur

Cahiers Leiris offre, illustré avec soin, témoignages, hommages, articles sur l’auteur de l’Âge d’homme. Sont abordés poésie, tauromachie, autobiographie, ethnologie, les liens de Leiris avec Soupault ou Picasso. Avec lettres inédites, index, résumés en anglais.