Revue de Presse Cahiers Bataille 3

Cahiers Bataille n°3

Télérama
15 février 2017
Gilles Heuré, journaliste et écrivain

Le langage préhistorique et l’œuvre géniale de Bataille, analysés dans deux belles revues.

Début 2017, la NRF consacre le dossier de sa dernière livraison à « la question du langage dans la préhistoire », à travers cinq articles sur ce long moment de l’humanité qui, écrit l’archéologue et historienne Anne Lehoërff, responsable du dossier, « n’a pas de mots ». Marc-Antoine Kaeser y revient sur la naissance de la préhistoire au XIXe siècle. Tandis qu’Elena Man-Estier et Patrick Paillet analysent les récits qui ont tenté d’interpréter les fresques pariétales de la grotte de Lascaux. À cette occasion, sont évoquées les analyses formulées par Georges Bataille dans Lascaux ou la naissance de l’art (1955). L’œuvre de cet écrivain, dont les Cahiers Bataille s’attachent à éclairer les multiples aspects de la pensée, continue de se révéler porteuse d’une immense richesse. Le dernier numéro des Cahiers publie un entretien avec Edgar Morin (« Bataille l’aérolithe ») et un article intitulé « La politique du mythe : débat virtuel entre Bataille et Drieu », portant sur la réfutation par le premier de l’inclination pour le fascisme du second. Deux belles revues revigorantes.

Cahiers Bataille n°3,

Cahier Critique de Poésie
n34-3, 15 septembre 2017
Jean-Marc Baillieu, écrivain

Voici, souhaité tout aussi inactuel que les deux premiers (2011 et 2014), le troisième des Cahiers Bataille qui contribue à exposer et à explorer « la pensée magmatique » d’un auteur croisé chez Marguerite Duras par Edgar Morin ci-interviewé en tête de livraison par Olivier Meunier, éditeur de la revue. Suivent d’intéressantes études : Bataille et ses bêtes par Elisabeth Arnould-Bloomfield et Les « monstrueuses anomalies » du Bleu du ciel par Ji-Yoon Han avant celles, aussi prenantes, de Michal Krzykawski, de Takaschi Ichikawa, de Jean-Michel Heimonet et de Claire Lozier. Chaque étude est précédée d’un prégnant Bataille et moi qui permet à chaque auteur d’exposer sa rencontre avec G. B. (comme le nomma en titre Michel Fardoulis-Lagrange). Après des comptes-rendus d’ouvrages récents relatifs à l’homme et à l’œuvre (dont la correspondance avec Éric Weil et un livre collectif sur la Part maudite), un cahier de création (d’où Bruno Fern et Christian Limousin tirent leur épingle du jeu) précède deux lettres (1919-1921) de G. B. à Joseph Roche, ami de longue date : « J’ai poussé des cris au-dessus de Salers et j’ai chanté au flanc des puys ».

Notes, bibliographie et index complètent utilement le bel ouvrage où figurent six dessins du toujours talentueux Jean-Gilles Badaire.

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