Revue de Presse les cris de Laure

les Cris de Laure

Nova Book Box
24 juin 2014
Richard Gaitet, journaliste et écrivain

Lecture d’extraits des Cris de Laure par Richard Gaitet.

Laure les Cris de Laure

Libération
25 juin 2014
Éric Loret, critique et journaliste

Lettres

Derniers textes inédits de Colette Peignot (1903-1938), qui fut la maîtresse de Georges Bataille et l’amie de Michel Leiris, lesquels publièrent après sa mort ses écrits sous le pseudonyme de Laure. Ses fragments vont mal : « Le temps me gagne de tristesse. La force physique me manque à chaque instant. Quelque chose me « vitriole » moralement. » Mais le morceau de choix de ce troisième volume de Laure est sa correspondance 1923-1936, en particulier avec sa mère à qui elle raconte ses voyages, dont celui qui la voit s’installer en URSS en 1930-1931 avant de finir au sanatorium « nouvellement construit » de Sotchi et d’être rapatriée. Avant ça, elle était installée chez l’habitant soviétique : « l’atmosphère est telle, si simple et naturelle que l’on ne peut se gêner mutuellement. En cinq minutes on m’a fait place aussi largement que possible, tiroirs vidés et remplis de mes affaires, étagères pour mes livres, draps empruntés chez les voisins, etc. » 

« La recluse de l’amour »

lelitteraire.com
24 septembre 2014
Jean-Paul Gavard-Perret, poète et critique

Privée des lumières espérées de l’amour terrestre, Laure (Colette Peignot) tenta de voir dans le noir. Et ce, en une fidélité aux premiers mots son Histoire d’une petite fille : « Des yeux d’enfants percent la nuit ». Mais l’auteure en dépit de sa lutte contre elle-même n’habitait pas la vie mais la mort. Elle fut contrainte de voir plus la nuit dans le jour que l’inverse. Il est vrai que ses exigences étaient aussi paroxysmiques en son besoin d’absolu.

Les textes et la correspondance réunis sous la direction de Rebecca Ferreboeuf et Jean-Sébastien Gallaire, le prouvent. Laure y reste la sainte particulière qui entra dans l’enfer du sexe puis du langage. Elle ne put connaître que l’isolement dans ses deux cellules d’amour. Elle dut y accomplir sa pénitence comme s’il fallait payer pour l’inconsistance de l’être à laquelle cette passion fut portée. Elle se retrouve ainsi peu à peu faute de mieux  tendue en un appel vers le sacré absolu de l’amour. Lequel devient à lui-même son propre théâtre, comme Laure le devint à elle-même.

Personne ne s’est autant qu’elle assumée en un tel absolu jusqu’à la mort. Son amour ou son idée de l’amour l’a tuée comme il tue peut-être l’amant (Bataille préférant l’amour de l’idée de l’amour) qui ne put la suivre où elle voulut l’emporter. En ce sens, elle est le « modèle » même de la femme surréaliste. Devant la pitoyable comédie de l’amour que lui pro-pose Bataille, qui la considéra comme un infantilisme sénile et ses « zézaiements », Laure ne connut de lui que ce qu’elle prit à tort ou a raison comme le cynisme, la vulgarité du mâle. Se sentant comme elle l’écrit « altérée »‚ elle ne put trouver la part éternelle de l’amour dont Bataille fit la promotion théorique. Elle resta avec son amour si abasourdie et sonnée qu’elle ne put que sceller sa vie par la mort.

Sa position amoureuse ramène de fait à la clôture. Ou si l’on veut du pareil au même. Elle illustre entre autres que, de la sainte à la condamnée, il n’y a qu’un pas, qu’une similitude. Dans l’amour tel que Laure le conçoit ne demeure qu’un vertige angoissant puisqu’au sein du passage espéré rien n’est jamais possible. L’homme étant en grande partie « rêvé », il ne fut qu’un « éternel traître » la prenant à revers.

les Cris de Laure

les rencontres littéraires de Vézelay
18 octobre 2014
Christian Limousin, poète, critique et historien de l’art

Née dans une famille d’illustres typographes parisiens, Colette Peignot (1903-1938) est plus connue sous son pseudonyme de Laure sous lequel son amant Georges Bataille et son ami Michel Leiris ont publié hors-commerce quelques-uns de ses écrits trouvés à sa mort (le Sacré en 1939 et Histoire d’une petite fille en 1943). Atteinte dès l’enfance par la tuberculose, elle fut une adolescente fragile, sensible et révoltée par la profonde hypocrisie de son milieu. Elle adopta vite des idées politiques et sociales à l’opposée de celles de sa famille. Elle fréquenta d’abord Jean Bernier, intellectuel proche des surréalistes et journaliste à l’Humanité. En 1930-1931, elle séjourna en URSS pour se faire une idée concrète du régime soviétique. Elle n’en revint pas convaincue et se lia avec Boris Souvarine qui, dans son Cercle communiste démocratique et sa revue la Critique sociale, essayait alors d’organiser une riposte de gauche au stalinisme. C’est dans ce contexte qu’elle rencontra Bataille avec lequel elle a passé les deux dernières années de sa courte vie.

Après les tentatives ferventes mais limitées de Bataille et de Leiris pour faire connaître ses textes brûlants, il fallut attendre 1971 pour que Pauvert publie les Écrits de Laure, dans une édition de son neveu Jérôme Peignot. Puis parurent en 1987 les Écrits retrouvés (Cahiers des Brisants) et en 1999, aux Éditions des Cendres, Une correspondance (lettres à Souvarine, Bataille, Simone Weil, etc). Et voici que nous parviennent Les Cris de Laure qui inaugurent la collection « Hors-Cahiers » des Éditions les Cahiers (dirigées par le leirisien Jean-Sébastien Gallaire), petite maison qui s’était déjà signalée l’an dernier par un premier Cahier Laure, placé tout près de ceux consacrés à Leiris, Bataille et Artaud.

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« Ces mots qui brûlent »

la Nouvelle Quinzaine Littéraire
no 1118, du 16 au 31 décembre 2014
Dominique Rabourdin, écrivain et critique

La première publication des Éditions les Cahiers de Jean-Sébastien Gallaire a été, en 2007, un gros et ambitieux volume (450 pages) consacré à Michel Leiris. Ont suivi, en alternance, à peu près une fois par an, deux autres Cahiers Leiris, deux « Bataille » (le second vient tout juste de sortir), un « Artaud » et, l’année dernière, un « Laure ». C’est la suite de celui-ci qui paraît aujourd’hui.

« Chaque cahier livre une diversité inédite d’entretiens, d’articles, de témoignages, de créations littéraires, de dessins et de photographies, lectures singulières de l’écrivain et de son œuvre », annonce l’éditeur.

Le travail pour le Cahier Laure a permis à Jean-Sébastien Gallaire, Rebecca Ferreboeuf et Jérôme Peignot, le neveu de Laure (Colette Peignot), de prendre conscience de la nécessité de publier les manuscrits, correspondances et photographies, longtemps enfouis dans les archives familiales, aujourd’hui déposés à la Bibliothèque nationale par les soins de Jean-Luc Froissart, fils de l’aînée des sœurs de Colette, Madeleine. Ils rejoignent tous ceux que son cousin Jérôme Peignot avait précédemment déposés. Certains étaient restés inédits. Dans le Cahier Laure, Rebecca Ferreboeuf parlait de sa « fascination pour cette écriture fragmentaire, où l’expression de soi va à l’essentiel, au cœur même des contradictions d’une identité éclatée ». Une trentaine de pages de ces « fragments et poèmes » constituent le première et plus importante partie du livre qui inaugure la nouvelle « collection hors cahiers », les Cris de Laure. En référence à l’édition de Pauvert des Écrits, il est revêtu d’une sobre couverture blanche.

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les Cris de Laure

Agalma
29 avril 2015
Aldo Marroni, écrivain et critique

Après avoir publié en 2013 le premier numéro des Cahiers Laure, les Éditions les Cahiers mettent à la disposition des chercheurs un beau volume contenant des extraits de l’œuvre de Laure (Colette Peignot), et des lettres d’une importance considérable. L’intérêt autour de cette écrivaine « cachée » ne semble cesser de croître, notamment grâce au fait que sa production restée inconnue est désormais entièrement accessible.

Colette Peignot est née en 1903 dans une riche famille de propriétaires de fonderie, dans laquelle le poids de la religion était particulièrement étouffant. Elle y réagira par des gestes extrêmes et des choix de vie tout aussi excessifs. Tout commence en 1925, lorsqu’elle rencontre chez son frère Charles de nombreux protagonistes de la culture et de la politique de son époque, parmi lesquels René Crevel, Louis Aragon, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Pierre Drieu La Rochelle, Luis Buñuel. À la même période, elle vit sa première relation sentimentale avec Jean Bernier, écrivain et journaliste, militant de gauche, qui fut l’un de ses amours les plus compliqués. Pour lui, au début de 1927, elle fit une tentative de suicide. En 1928 à Berlin, elle a une liaison d’environ un an avec le médecin communiste allemand Édouard Trautner qui lui infligea des pratiques érotiques extrêmes et humiliantes.

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les Cris de Laure

Nuit blanche
no 139, juillet 2015
Patrick Bergeron, professeur d’université et essayiste

Née en 1903 dans une illustre famille de typographes, Colette Peignot a été emportée par la tuberculose en 1938. « Laure » est le pseudonyme que ses amis Georges Bataille et Michel Leiris lui ont attribué avant de publier hors commerce et sans autorisation un premier recueil posthume, le Sacré, en 1939. D’autres publications de ce type allaient suivre : Écrits de Laure en 1971, Écrits retrouvés en 1987 et un volume de correspondance, Une rupture, 1934, en 1999. Ce sont les derniers textes inédits de Colette Peignot que rassemblent ici les éditions Les Cahiers.

Il faut saluer au passage le travail de cette jeune et dynamique maison d’édition basée à Meurcourt, en Franche-Comté, dont les initiatives de publication visent notamment Artaud, Bataille, Leiris et, annoncé pour 2016, Aragon. Inaugurant la collection « Hors-Cahiers », les Cris de Laure fait suite au premier numéro des Cahiers Laure, publié en 2013, qui contenait un entretien avec le neveu de l’écrivaine, Jérôme Peignot, des essais critiques et un précieux dossier sur la (les) réception(s) de Laure.

Le premier tiers du livre réunit des fragments et des poèmes. Succession de notes poétiques sur la vie, l’enfance, le moi, la sexualité, les autres, ces pages sont l’indice d’une sensibilité à la fois enflammée et meurtrie, qui observe que « quelque chose [la] “vitriole” moralement » et qui s’emploie à « tuer en soi les réactions saines ». Un rapprochement avec Rimbaud s’impose assez vite, même si Laure possède visiblement un style bien à elle. Pas étonnant que la jeune femme ait à ce point fasciné Bataille. Plus surprenant, par contre, l’anonymat relatif dans lequel son nom est toujours tenu. Les deux derniers tiers du livre comprennent des lettres adressées à sa belle-sœur Suzanne, à sa mère et à l’écrivaine, voyageuse et photographe suisse Ella Maillart. Cette correspondance présente surtout un intérêt biographique, même si l’on prendra plaisir à suivre Laure au fil de différents déplacements : à Venise, à Pallanza (dans le Piémont), à Gavarnie et Barèges (en Hautes-Pyrénées) ainsi qu’à Moscou et à Madrid.

les Cris de Laure

visuelimage.com 
24 septembre 2015
Gérard-Georges Lemaire, écrivain, traducteur et historien de l’art

De Laure, nous avons en tête les Écrits parus en 1976. Ce fut alors une révélation. Cette jeune bourgeoise, l’une des riches héritières de la famille d’imprimeurs Peignot, a vite tranché le cordon ombilical, s’est donnée au militantisme avec Boris Souvarine et aussi à l’érotisme le plus éhonté, comme le prouvent les pages brûlantes des feux de l’Enfer qui avaient été exhumées par son parent. Ce livre devrait être sans aucun doute le dernier. On y trouve surtout une correspondance à sa mère et avec une amie, et quelques textes, qui devaient être des notes et des brouillons. Si ce n’est pas une révélation fracassante, c’est au moins une documentation qui complète les différents ouvrages qui ont suivi la sortie des Écrits, car pas mal de notes et de manuscrits ont été retrouvés depuis lors. Espérons que toutes ces pages seront réunies par la suite en un seul volume. Mais remercions déjà ce nouvel éditeur de nous faire connaître ces lettres et ces papiers car le personnage de Laure ne saurait laisser indifférent, et pas seulement puisqu’elle a frayé avec Georges Bataille et la rédaction de la revue Acéphale.

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